La qualité de l’eau du réseau

62% de l’eau du réseau provient des nappes phréatiques (superficielles et profondes), les 38% restants proviennent des eaux de surface (torrents, rivières, lacs). Le sol servant de filtre naturel permet l’obtention d’une eau dite « propre ».

Néanmoins un traitement s’impose pour offrir une eau potable. Pour cela, elle transite dans une usine de traitement pour la décontaminer. Le chlore est utilisé à ce moment afin de garantir sa potabilité jusqu’aux consommateurs.

L’eau après utilisation est retraitée, puis rejetée dans la nature pour terminer son chemin dans la mer, avant de recommencer son cycle perpétuel (évaporation, pluie, etc…).

L’eau va alors rencontrer et capter tout ce qui rentre en contact avec elle : Les subtances minérales et organiques dont certaines peuvent être nocives pour la santé; elles proviennent d’une part des roches et des couches sédimentaires, et d’autre part, des rejets provoqués par les activités humaines ou encore la décomposition de la biomasse.

L’eau du réseau est l’aliment le plus contrôlé en France, et c’est une très bonne chose.

Mais s’il y a autant de contrôles, c’est bien aussi la preuve que l’eau capte tout ce qui rentre en contact avec elle.

La pollution de l’eau se caractérise par la présence de micro-organismes, de sustances chimiques ou encore de déchets industriels qui sont d’origines diverses :

Industrielle

Rejet de produits chimiques comme les hydrocabures ou le PCB ainsi que les eaux évacuées par les usines.

Agricole

Déjections animales mais aussi les produits phytosanitaires/pesticides contenus dans les engrais et utilisés dans l’agriculture.

Domestique :

Avec les eaux usées provenant des toilettes, les produits d’entretien ou cosmétiques (savons de lessive, détergents), les peintures, solvants, huiles de vidanges, hydrocarbure, mégots de cigarettes, etc …

Accidentelle :

Avec le déversement accidentel de produits toxiques dans le milieu naturel qui viennent perturber l’écosystème.

Résidus médicamenteux :

100 000 molécules chimiques ont été créées. 30 000 molécules finissent dans les cours d’eau et au robinet sans qu’on en connaisse leur teneur, puisque seulement 38 molécules sont actuellement classées comme prioritaire et qu’aucune analyse n’est pourtant effectuée !

Nous n’en sommes qu’au balbutiement en terme d’impact sur la santé.

Pourtant, on sait que de nombreux produits contiennent des molécules susceptibles d’impacter le système endocrinien. Il est d’ailleurs constaté une forte diminution de la fertilité ches les hommes depuis quelques années.

On constate aussi que le rapport entre la concentration du produit et l’effet n’est pas proportionnel. Il est donc nécessaire de prendre en considération les particules à l’état de trace, alors que les stations de traitement sont dans l’incapacité de les traiter !

Quelques résultats d’études menés par des organismes indépendants :

Aujourd’hui, face à l’ensemble des pollutions, les capacités d’auto-épuration de la nature sont désormais insuffisantes, c’est pour cela que l’eau du réseau doit absolument être traitée avant sa distribution, et malgrès cela :

La France est le 4eme plus grand consommateur mondial de pesticides :

Selon l’UFC que Choisir (publication du 23/10/2017), la moitié des cours d’eau Français est polluée aux nitrates et aux pesticides.

Les Français présentent un niveau d'imprégnation par les pesticides parmi les plus élevés :

Selon une étude publiée le 29 avril 2013 par InVS (Institut de Veille Sanitaire), portant sur un échantillon d’environ 3 100 personnes (agés de 18 à 74 ans) représentatif de la population, 80 % des Français contiennent des produits de dégradation des pesticides dans l’organisme, soit 3 fois plus que ceux constatés outre-atlantique.

On retrouve couramment plus de 300 sortes de pesticides différents dans 93 % des cours d'eau Français :

Selon une étude de « eaufrance » d’octobre 2018 suite à des analyses réalisée en 2012.

Il faut prendre en considération le mélange des substances chimiques appelé aussi "effet cocktail" :

Le site officiel des Etas Unis (NIEHS : National Institut of Environnemental Health Science) a démontré que des substances chimiques prisent isolément sont sans danger pour l’homme, mais deviennent nocives quand elles sont mélangées à d’autres. Ce principe d’effet cocktail remet en cause l’approche traditionnelle de la toxicologie, consistant à raisonner substance par substance, sans tenir compte des multiples combinaisons.

Pesticides : le "tour de passe-passe" pour rendre l'eau potable :

Reporterre, le média de l’écologie, nous raconte comment, comme par enchantement, entre janvier 2022 et septembre 2022, l’eau potable de plusieurs millions de Français contaminée par l’ESA-métachlore est redevenue conforme !

En synthèse :

L’eau du réseau est potable, elle répond aux normes, mais on ne peut pas affirmer qu’elle soit pour autant de bonne qualité :

  • Dans certains cas, de l’eau « non conforme » (supérieure à certaine teneur) est distribuée sans qu’une restriction d’usage soit considérée nécessaire. Pour exemple, en 2007, 1 398 unités de distribution ont distribué de l’eau avec un taux de pesticides supérieur aux normes,
  • Le respect des teneurs unitaire ne peut être considéré à lui seul comme satisfaisant, l’effet cocktail (mélange de plusieurs subtances chimiques) devrait être pris en considération,
  • Qu’une cinquantaine de molécules analysées, alors que plus de 30 000 se retrouvent dans l’eau …
  • La majorité des stations de traitement sont devenues obsolètes face à la multitude de nos rejets … A tel point que les autorités publiques ne parlent plus d’eau potable, mais d’EDCH (Eau Destinée à la Consommation Humaine),
  • Le chlore est utilisé pour détruire les bactéries et virus présentes dans l’eau, au détriment de notre flore intestinale ! (voir ci-dessous pour plus de détails et les études menées).

Et si l'on parlait du Chlore :

Le chlore est simple à mettre en œuvre et peu onéreux, il est devenue nécessaire pour éradiquer les virus et germes pathogènes, dans l’eau, mais c’est un oxydant majeur qui va assécher et irriter notre organisme et « abimer » notre flore intestinale :

  • Le chlore libre réagit avec la matière organique et donne naissance à des dérivés qui restent présents dans l’eau (selon étude InVS de novembre 2008). Laisser reposer l’eau 1h avant de la boire n’élimineront pas ses dérivés.
  • Des études épidémiologiques ont montré une association entre les sous produits de chloration et certains cancers chez l’homme (vessie et colon), sans pour autant démontrer une corrélation entre la dose et l’effet,
  • Une étude Canadienne sur les piscines chlorées a démontré le lien de cause à effet entre les bébés nageurs atteint du syndrome de Brooks, d’asthme et d’insuffisance respiratoire. Cela est d’autant plus inquiétant lorsque l’on sait que les seuils de teneur en chlore sont trois fois plus élevés en France qu’au Canada.

N'oublions pas que :

  • La qualité de l’eau varie selon les régions et selon les périodes de l’année, en raison de l’activité agricole,
  • Les fréquences des contrôles varient d’une région à une autre. Par exemple, certaines analyses de pesticides pour les plus petites unités de production ne sont réalisées que tous les 5 ans,
  • Les normes de qualité en vigueur n’ont pas évolué malgré les nouvelles connaissances sur des polluants à effet hormonal (certains pesticides, hormones, bisphénol ..), ni sur la présence de dérivés médicamenteux.

L’eau du réseau fait l’objet d’un suivi sanitaire régulier (ARS):

eau réseau

La qualité de l’eau du résau français en 2020 repose sur :

  • 33 070 captages,
  • 17 000 stations de production d’eau potable,
  • 24 100 réseaux de distribution (ensemble de canalisations et d’équipements),
  • 309 000 prélèvements d’eau conduisant au recueil de plus de 17,6 millions de résultats analytiques.
Qualité microbiologique :

98,2 % de la population a été alimentée en permanence par de l’eau respectant les limites de qualité fixées par la réglementation : Quid des 1,8 % restant ?

Qualité vis-à-vis des pesticides :

94,1% de la population a été alimentée en permanence par de l’eau respectant les limites de qualité réglementaires pour les pesticides : Quid des 5,9 % restant ?

Qualité vis-à-vis des nitrates :

99,1% de la population a été alimentée par une eau dont la qualité respectait en permanence la teneur réglementaire fixée pour les nitrates.

Pour être consommée en toute sécurité, l’eau du réseau doit répondre impérativement à des critères dictés par le ministère de la santé et le conseil supérieur du secteur d’hygiène publique. Elle doit être exempte de toute substance jugée nocive pour la santé qu’elle a rencontré lors de son cycle perpétuel de vie et être  inférieure à des seuils.

Il existe 56 critères de potabilité de l’eau, que l’on peut regrouper en cinq paramètres :

2 - Paramètres physico-chimiques

Ils correspondent aux caractéristiques de l’eau tels que le PH, la température, la conductivité ou la dureté de l’eau et délimitent les seuils maximaux (teneurs) à ne pas dépasser pour certains composants commes les ions, les chlorures, le potassium et les sulfates.

  • La teneur en sulfate doit être inférieure à 250 mg/l,
  • La teneur en chlorure doit être inférieure à 200 mg/l,
  • La teneur en potassium doit être inférieure à 12 mg/l,
  • Le PH de l’eau doit être compris entre 6,5 et 9 (l’idéal étant entre 7 et 7,4). pour rappel 0 = Acide et 14 = Basique.
1 - Paramètres microbiologiques

Ils permettent de contrôler que l’eau ne contient aucun germe pathogène, comme les virus, les bactéries ou les parasites, pouvant provoquer des maladies, voir des épidémies.

3 - Paramètres organoleptiques

Ils concernent la couleur, le goût et l’odeur de l’eau. Elle doit être agréable à boire, claire et sans odeur. Ces paramètres n’ont pas de valeur sanitaire directe.

4 - Paramètres liés aux substances indésirables

Ils concernent les substances telles que les nitrates, les nitrites, fluor et les pesticides.

  • La teneur en nitrate doit être inférieure à 50 mg/l,
  • La teneur en nitrite doit être inférieure à 0,10 mg/l,
  • La teneur en fluor doit être inférieure à 1,5 mg/l,
  • La teneur en pesticides doit être inférieure à 0,5 μ g/l.
5 - Paramètres liés aux substances toxiques

Ils concernent les substances telles que l’arsenic, le cyanure, le chrome, le nickel, le plomb, le sélénium ainsi que certains hydrocarbures qui sont soumis à des normes très sévères à cause de leur toxicité. Leur teneur tolérée est de l’ordre de 10 à 50 μg/l.